Qui n'a pas besoin de sucre? [Pv Ashido]

*Les enfants... ont passe les deux premières années de leur vie à leur enseigner à marcher et après les seize autres à s'asseoir et se la fermer!*

Les pieds ballotant dans l’air, frôlant répétitivement le sol au passage, la jeune femme profitait de ce couché de soleil pour en humer l’air et jeter un œil aux passants afin de tuer le temps. Ironie, tuer... On ne peut pas tuer le temps non? Mais détruire une horloge à coup de matraque peut-il amener à l’effet désiré? Elle fronça les sourcils un bref instant, amusée par ces propres jeux de mots avant de se remettre à sourire aux nombreux enfants qui couraient l’autre côté de la rue en s’esclaffant. Si seulement à cet âge on portait plus attention aux détails, ils l’auraient vite repérés et auraient en conséquence put trouver ça louche, une adolescente laissée à elle-même dans une ruelle assise sur un banc à ballotter ces jambes telle l’une des leurs malgré son âge! Nostalgie, sûrement. L’époque où la plus grande décision à prendre était quel crayon choisir lui manquait-elle? Peu probable, car peu importe le nombre de fois que l’horloge avait tournée, tout semblait encore le même mis à part son apparence.

*On ne grandit pas vraiment, on apprend juste à bien se tenir en public* pensa-t-elle.

Un à un les enfants sortaient par la même porte afin de se rassembler, tous avec au moins un suçon ou une barre de chocolat à la main. Curieuse, elle pencha la tête sur le côté un instant, afin de ne pas les perdre de vue alors qu’ils repartirent tous à pieds ou sur leur bicyclettes. D’un regard aussi intrigué, son visage revint en direction de cette boutique qu’ils avaient tous quittés. C’était décidé, enfin une décision peut-elle être prise sur un coup de tête aussi subitement? Car à peine c’était-elle retournée que la voilà elle traversait la rue avec des petits pas hâtifs et un sourire mesquin. Les lumières commençaient à s’ouvrir peu après son passage, déclarant sans doute officiellement la levée des festivités de la nuit et dans quelques moments, les rues seraient déjà envahies de ces gens costumés dont tous étaient bien habitués! Elle arriva enfin au seuil de la porte qu’elle glissa, car elle semblait coulissante. Rapidement, les lumières provenant de l’intérieur vinrent l’aveugler, elle abaissa donc la tête un bref instant afin de s’y adapter et de retirer son chapeau, simple courtoisie n’est-ce pas?

"Quelqu’un à la maison?" Chantonna-t-elle mine de rien.

D’un bond, elle entra à l’intérieur, sourire moqueur aux lèvres... Et en perdit presque les sens, si elle avait de ces derniers, à la vue de rayons entiers de sucrerie. Elle avait maintenant le regard d’un enfant à sa première fois au cirque... Assez pour oublier la présence de quiconque étant possiblement dans la même pièce.

Les yeux rivés sur une étagère de palettes de chocolats, elle en bavait presque. Les emballages plus frappants aux yeux les uns que les autres, assez pour les manger par conséquence d’être trop hâtif de dévorer le chocolat en dessous de ceux-ci! Qui a-t-il vraiment de mal à en faire autant? La nourriture est molécules... Son emballage et tout objet aussi alors! Mais les goûts varient, ce qui doit être la raison pourquoi elle-même n’a pas encore tentée de mordre dans du bois. Bientôt elle le ferait, sans doute, autre question de tuer le temps! C’est alors que ces oreilles bourdonnèrent à l’entente d’un bruit s’approchant progressivement. Une sorte de claquement contre le bois donc consistait sans aucun doute le sol... Loi du hasard, parlant de bois! Elle hissa un sourire sur ces lèvres, tentant le mieux de camoufler les rires évoqués par son envie de succomber à la tentation d’y mordre, peut-être? Elle n’aurait pas l’air civilisée du tout mais pourquoi cela importerait-il, personne n’a de libre accès dans la tête d’autrui! Ha ha!

" Bonsoir bonsoir ! Il est rare de voir des clients à partir de cette heure. Viendriez vous pour quelque chose de spéciale ? "

Pour confirmer ces doutes, la demoiselle fit volte-face en direction de la provenance d’une telle voix. Rapidement, ces soupçons furent confirmés! Là se tenait nonchalamment la silhouette d’un homme se tenant à l’aide d’une certaine canne, portant une tenue assez orientale de couleur verte. Regard incrédule, elle porta sa main à son menton, telle cette position que les gens arborent lorsqu’ils sont en pensées profondes. À quoi bon lorsque seulement le vide se trouvait dans sa tête? Que de joie de prétendre? Elle relâcha un petit rire qu’elle ne put dissimuler de sa main, n’étant point capable de discerner non plus le regard de son interlocuteur juste à cause de sa grandeur!

"Je ne viens point pour quelque chose de spécial à mes connaissances, mais dites, qu’est-ce qui peut bien y avoir de spécial?" Demanda-t-elle innocemment.

Trop de choses qui pourraient être considérées spéciales en ce bas monde... Mais jamais n’avait-elle ouvert le dictionnaire afin de lire la vraie face cachée de ce mot! Une autre chose laissée à l’interprétation? C’est en attendant une réponse de la part de l’homme que ces yeux coincèrent un peu plus loin dans la pièce, sur un présentoir de suçons. Les yeux étincelants, elle se faufila sur la pointe des pieds très indiscrètement et en plein à vue en sa direction, lançant rapidement son chapeau sur sa tête.

"Woah! Rose, bleu, jaune, orange..."

Elle nommait à voix haute toutes les couleurs de ces derniers s’offrant à ses yeux, les pointant en même temps tout en ricanant, comme si elle était seule dans la pièce tandis que c’était tout le contraire! Après un bref instant, elle scruta tout de même du coin de l'oeil la réaction du vendeur.

L’homme ne tarda point à s’avancer, chacun de ces pas émettant un bruit de claquement contre le bois. La discrétion ne semblait pas être son point fort, ou l’accabler plutôt dire. Mais en quoi être discret s’avérerait utile de toute façon? Contrairement à elle lui, ne défilait pas sur le bout de ces pieds! Enfin, les yeux émerveillés et le sourire porté sur son visage ne s’effacèrent point, elle continua pendant une autre minute de regarder chacune des sucreries.

" Délicieux, n'ont ils pas l'air ? Je ne sais pas si ça peut être considéré comme spéciale, mais ça vaut bien d'être mangé à volonté n'est ce pas ? Cependant tout à un prix ... As tu de quoi ? Mais dit moi, ne devrait tu pas être en train de participer aux festivités ? " ajouta-t-il.

Il semblait s’être abaissé à son niveau, à ses côtés aussi. Ces cheveux blonds venaient d’être dévoilés de l’ombre de son habit. La jeune femme fit un geste bien exagéré et digne d’une comédie en relevant subitement sa main vers sa bouche, tel un effet de surprise.

"Ooops!" Lança-t-elle.

Aussi rapidement elle plongea la même main dans la poche de ces shorts. Du bout des doigts, elle toucha à peine quelques pièces de monnaie aussi froides les unes que les autres. Sans doute l’air froid de l’extérieur, elle venait d’y passer la journée. Comme toutes ces journées d’ailleurs! Avant de faire un bond vers l’arrière et de jeter de nouveau son regard vers le commerçant, elle dressa l’expression d’un enfant fier d’avoir commis une erreur sur son visage.

"Malheureusement sir, je n’ai que quelques pièces avec moi..."

Comme si elle venait de faire un numéro, elle retira une fois de plus son chapeau avant de faire un autre sourire moqueur. Elle avait plus d’un truc dans sa poche mais elle n’était pas une voleuse! Cela pourrait être amusant de tenter de le faire aussi indiscrètement dans son visage mais il est encore plus divertissant d’avoir un air de supplication, non? Le chapeau toujours tendu en la direction de l’homme, elle attendit, comme si une solution allait se proposer par elle-même!

"Et vous, vous ne fermez pas à cette heure? Vous n’allez pas fêter non plus?" Rigola-t-elle.

Voyant bien que le commerçant était dans les songes, elle baissa le bras avec lequel elle tendait le chapeau avant de le perdre! Le sang y circulant bien sûr, mais elle trouvait bien marrant de l’imaginer au sens figuré. Quelques secondes s’écoulèrent que l’homme répondit enfin,

" Ahaha, oui tu as raison, moi aussi je devrais y aller n'est ce pas ? Mais attend j'ai une idée ! "

Une idée? Intéressant. Quelque peu impatiente de l’entendre et bien amusée, elle se permit d’échapper un petit rire. Il était bien évident qu’il allait tenter de l’amadouer mais pour d’autres raisons inconnues elle ne s’attendait pas vraiment à un tel recourt, du moins pas avant qu’il ne tende l’une des barres chocolatées à quelques centimètres de sa portée! Les choses devenaient de plus en plus intéressantes... Tout comme sa faim et les grognements de son estomac. D’une façon, chaque organe représentait un animal de la jungle non? Ah et puis l’absurdité lui revenait, vite il lui fallait quelque chose pour l’apaiser!

" Alors comme ça tu n'as pas assez pour acheter ces choses là hein ? J'ai une proposition pour toi ! Si tu aide un marchand de bonbons comme moi pour une tourné nocturne, alors je t'offrirai ce dont tu rêve. Tentant non ? Tien prend ça pour commencer. "

Sans même attendre une réponse de sa part, l’homme fit volte face et partit comme à la recherche de quelque chose. Intriguée, la demoiselle se pencha légèrement vers l’avant comme si cela l’aiderait à y voir clair. Il revint rapidement avec une longue cape à son grand étonnement, qu’il ne tarda point à la recouvrir avec! Quelque peu surprise, elle ne bougea pas d’un pouce pendant le processus, pour ensuite le regarder d’un air tout aussi innocent aller faire quelques préparations et sacs. Toujours sur place, elle l,observa faire tout en se balançant sur la pointe des pieds. Une livraison de nuit... C’était assez louche mais en conséquence intriguant, ce qui fit sourire une fois de plus la jeune femme. Il revint afin de lui tendre quelques uns des sacs remplient de pains et de chocolats à vue. Elle en bavait encore... Peut-être le sac était comestible aussi.

" Comme tu le sais, chaque chose se merite. Je vais te montrer comment je célèbre le carnaval ... à ma façon ! Alors tu veux ? " demanda-t-il.

Une fois de plus elle fronça les sourcils, comme si tout cela était signe de défi. C’est ainsi qu’elle le prenait du moins! Mais c’est avec un hochement de tête et en relançant son chapeau sur sa tête qu’elle approuva. Mieux dire qu’il était bien rare qu’elle refuse quoi que se soit... Qu’importe pour tuer le temps. Et pourquoi donc voulait-elle tuer le temps? Telle était la question, enfin ce n’est pas comme si la vie devait être passée rapidement, non? Mais pourquoi aussi s’attarder éternellement sur les choses? Et puis oh... Il lui fallait du thé ou quelque chose. Ces yeux suivirent le commerçant qui sembla laisser une note sur le comptoir. Pendant ce temps, sans réfléchir, elle se hâta à gambader, oui gambader très sérieusement, en direction de la porte. Elle s’arrêta juste l’instant de glisser la porte grande ouverte et de se faufiler à l’extérieur. Le soleil c’était couché il semblerait. Les étoiles commençaient à éclairer le ciel dénudé de nuage, aucune n’échappant aux yeux de la jeune dame. Sans aucune raison valide, elle commença à chantonner tout en les comptant.

"Une, deux, trois, quatre étoiles! Cinq six..."

Elle jeta de nouveau un regard à l’intérieur et perçut les sacs du commerçant. Ces derniers contenaient des choses bien plus lourdes que les siens, alors simple guise de courtoisie, ayant les mains pleines, elle utilisa son pied afin d’empêcher la porte de glisser et la laisser grande ouverte. Moqueuse, elle attendit patiemment qu’il vienne passer le seuil de la porte.

"Messieurs d’abord!" Lança-t-elle.

Le pied toujours dans l’embrasure, elle jeta de nouveau un œil à la rue dans laquelle ils se trouvaient. Maintenant toutes les lumières des festivités c’étaient allumées afin d’orner l’obscurité. Il y avait aussi d’avantages de passants que plus tôt. Rien ne différait à l’habitude, certains étaient déguisés d’oreilles de chats, d’autres portaient simplement des habits loufoques... Non, rien n’a changé. Et il semblerait que rien ne changerait à jamais. Une telle pensée fit la fit sourire, c’était cette routine qu’elle appréciait tant sans pour autant savoir nommer pourquoi donc. Peut-être cela lui rappelait ces bons vieux souvenirs, de sa tendre enfance, tous les marchands locaux qui profitaient des éternelles festivités pour vendre leurs produits et leurs atouts. Oui après tout, elle avait grandit dans ces ruelles... Ce n’était qu’une absurde nostalgie? Soudainement elle secoua la tête, balayant d’avantages de pensées. Son regard revint rapidement se poser sur le commerçant... Un détail manquait pourtant. Ainsi donc avant de s’engager dans l’animation si habituelle de la rue, elle esquiva quelques mots,

"Vous ne m’avez toujours pas dit votre nom, sir!"